“La Question” d’après l’oeuvre de Henri Alleg avec :
Une mise en scène de Kathy Morvan
« Notre principale préoccupation a été de rendre recevable la violence que ce texte véhicule, tout en conser vant sa force. D’autant plus que ce projet dépassait le cadre purement artistique. Il s’agit là d’un acte politique : faire entendre le témoignage de faits réveillant une période historique douloureuse. On se doit donc de prendre toutes les précautions pour « faire entendre la vérité » comme le dit Henri ALLEG. »
Kathy Morvan
Comédienne depuis 1999, Kathy MORVAN travaille dans différentes compagnies de Normandie collaborant avec Sylvain GROUD, Yann DACOSTA (Cie du Chat Foin), Nicolas MOY (Le Jardin des Planches) – qu’elle a mis en scène dans “Un Carré dans la Tête” – et les Compagnies Mélodie Théâtre, Acid Kostik, la Compagnie Provisoire, L’Ephéméride et Alias Victor.
Depuis la création de Ça Va Aller en 2004, elle a signé toutes nos mises en scène, du “Coordonnateur” de Benjamin GALEMIRI à “Ma Vie de Chandelle” de Fabrice MELQUIOT, monté en 2009.
Interprètation Laurent GERNIGON
Après 18 années passées en Algérie – où sont situées ses racines familiales – Laurent a étudié la sociologie à l’Université Toulouse-le- Mirail. La période difficile traversée par tout le pays entre 1993 et 1997 a orienté ses recherches sur le rapport entre modernité et violence, vers un mémoire de DEA présenté sous le titre « La violence en Algérie comme rapport à l’altérité ».
Un parcours de comédien s’en suivra, qui croisera le désir de mettre en scène une sorte de retour sur l’Algérie en hommage à Henri ALLEG cette fois. L’adaptation de “La Question”, démarrée en 2006, fait désormais son chemin sous l’impulsion d’un rapport étroit entre le jeu, l’Histoire et les histoires, celles de ceux qui partagent un lien affectif plus ou moins douloureux avec l’Algérie.
Dans son parcours, Laurent GERNIGON a interprété un répertoire très divers de RACINE à Kateb YACINE en passant par la comedia dell arte jusqu’à BRECHT avec “La Vie de Galilée”.
Il vient de tourner avec Eric BOUTIN et participe en 2010 à la nouvelle création de la Compagnie Acidu : “7 Days in a plate”.
Lumière Cyrille NITKOWSKI
Tour à tour marionnettiste, créateur de lumières, musicien et comédien, Cyrille NITKOWSKI rejoint la Compagnie en signant la musique et la lumière de notre première création en 2004. Depuis, il est présent sur toutes les créations.
Parallèlement, comédien avec les Clowns à l’Hôpital et la Compagnie Roseau Théâtre, Cyrille travaille depuis plusieurs années dans l’univers du spectacle Jeune Public pour lequel il crée par ailleurs de nombreux décors et marionnettes. Présent depuis les premières heures de notre Compagnie, il est encore à nos côtés en 2009 quand commence la première tournée de “Ma Vie de Chandelle” (création du texte de Fabrice MELQUIOT) et que les premiers pas se dessinent pour entreprendre une première création Jeune Public sous la plume et la direction artistique de la Compagnie Ça Va Aller.
“Un parti-pris radical sur la lumière permet finalement d’aller plus loin. La technique devient alors partie intégrante du jeu du comédien. J’ai été séduit par cette idée de monter
La Question avec des éléments très simples pouvant rappeler les bateleurs”.
Création sonore Thomas PETIT & Guillaume MONTIER
“Illustrer de manière sonore un texte qui parle d’une expériencelimite vécue par un corps a été pour nous deux un défi passionnant à cause de nos passés respectifs”
Depuis cette expérience, ils ont poursuivi leur chemin dans cette voie des partitions musicales au service du spectacle vivant, et de l’audiovisuel.
Partition musicale au luth : Alla
Co-production Chasseurs Cueilleurs
Une évidence a surgi après avoir rencontré l’équipe artistique de “La Question”. Evidence que ceux qui, n’ayant ni vécu la barbarie de la torture, ni lu le texte de Henri ALLEG, avaient eu la chance jusque là d’échapper à la question. Sans aucun doute nous pouvons nous en réjouir.
Evidence aussi que l’avenir est encore trop incertain pour ne pas exhiber l’importance de ce témoignage, et que l’impossible peut jaillir à tout instant, s’incarner en tout lieu. Question de circonstances…
Evidence enfin du désir grandissant de soutenir le travail de cette Compagnie. De travailler ensemble pour que ce texte mis en scène circule largement, qu’il continue de nourrir toutes les forces enfouies dans l’homme et dont il dispose finalement pour résister à la « persistance de la barbarie. »
“La Question”
d’après le texte de Henri Alleg
L’’œuvre de HENRI ALLEG En 1957, en pleine guerre d’Algérie, Henri Alleg, directeur du journal « Alger républicain », est arrêté à Alger et torturé par des parachutistes français dans un lieu non-officiel, le « centre de tri du sous-secteur de la Bouzaréah ».
Il survit à la torture. Il est ensuite transféré dans un camp de détention à Lodi, près de Médéa, d’où il parvient à déposer une plainte auprès du procureur, ce qui lui vaut d’être transféré à la prison d’Alger. C’est là qu’il écrit le récit des sévices endurés lors de son passage au « centre de tri de la Bouzaréah ».
L’arrestation est très précisément racontée, chaque parachutiste minutieusement décrit, ainsi que le lieu où il est emmené et les techniques d’intimidation utilisées. Il en vient ensuite à décrire les tortures infligées et l’attitude de ses bourreaux. Cela donne l’impression d’un long tunnel dont il semble ne jamais sortir.
Henri Alleg adopte le plus possible la posture d’un observateur, donnant à l’histoire la forme d’un « reportage intérieur ». Son sens du détail dans la description des faits mêlé à une extrême retenue sur ses propres émotions donnent au récit une puissance accrue. Il enchaîne ensuite sur une description générale du centre où il se trouve, « l’usine à torture ». Le récit se termine par un message de paix.
